Je me demande combien de temps je vais encore tenir.
Mes forces me quittent et j’ai beau faire de mon mieux, rien n’y fait, ça ne s’arrange pas.
Est-ce qu’un jour je vais m’endormir et ne plus me réveiller?
Est-ce que mon corps va tellement déconner que je vais choper un cancer et dépérir lentement?
L’avantage avec ma maladie, c’est qu’on ne voit rien. Quasi rien. De belles cernes. Le teint rouge quand je suis à bout de souffle. Mais sinon rien.
Au moins, je n’ai pas droit à la fausse pitié de ces faux-cul qui n’ont en vérité rien à foutre de moi.
Mais là, je suis à bout. Je suis vidé. Vide également?
Pas tant que ça. Je pense avoir enfin avoir abandonné mes rêves.
Oh ils reviennent parfois me hanter. Mais de moins en moins souvent, de moins en moins longtemps.
Est-ce pour cela que je vais si mal? Parce que j’avais besoin de mes rêves pour continuer à survivre? Je ne sais pas, peut-être. Mais à défaut de trouver le bonheur, j’ai décidé de fuir le malheur. Et j’en avais assez de me plaindre, d’être rongé par la frustration.
A quoi ca sert d’avoir ces diplomes, si c’est pour ne pas travailler?
A quoi ca sert d’être une armoire à glace, si c’est pour tomber dans les pommes après un effort un peu soutenu?
A quoi ca sert de savoir rendre une femme heureuse, si c’est pour vivre seul?
A quoi ca sert d’être aimé par les gosses, si c’est pour ne jamais en avoir?
A quoi ca sert d’avoir tout ce temps libre, si c’est pour rester coincé dans un lit?
A quoi ca sert d’avoir une si grande maison, si c’est pour n’y accueillir personne?
A quoi ca sert de savoir faire rire les gens, si c’est pour se contenter de « lol » sur internet?
Y a de quoi devenir fou… je le suis sans doute déjà.
Mais bon je m’accroche, je suis un idiot qui croit que les choses peuvent s’arranger.
J’ai de quoi manger, de quoi me vêtir, un toit sur ma tête. C’est con à dire, mais c’est déjà beaucoup. C’est quand on n’a plus ca, qu’on considère comme naturel chez nous, qu’on se rend compte combien c’est important. Pendant 2 ans j’ai vécu dans une maison mal chauffée, là j’ai réalisé combien ca pouvait être dur. Et dire que même dans ce pays, des gens ont froid et/ou faim…
Et j’ai quelques amis précieux. Ils ont leur vie, leurs soucis, mais ils prennent le temps de se soucier de moi.
Alors je me dis que je n’ai pas à me plaindre.
Alors je la ferme…